
L’année 2023 marque les 60 ans la mythique sportive de Porsche. La 911 intemporelle traverse les années sans que la passion et l’attrait pour le modèle soient déclinants. En témoigne le succès très important de l’exposition organisée à la Lustrerie Mathieu dans le Vaucluse. Une exposition tout bonnement à couper le souffle puisqu’elle lie les plus belles 911 de l’histoire et les créations de Regis Mathieu, lustrier renommé et passionné de la marque de Zuffenhausen. Abcmoteur est allé visiter l’exposition et voici notre sélection des plus belles 911 de l’événement.
40 chandeliers et 40 Porsche 911
Cette exposition permet de regrouper dans le même lieu de sublimes créations. Les créations de Regis Mathieu qui occupent magnifiquement l’espace et permettent de mettre en lumière les 911 plus subjuguantes les unes que les autres. Chacune des 40 Porsche 911 présentes pour cette exposition est surmontée d’un chandelier. Ce n’est pas tout, les 3 halls de l’exposition sont dans un lieu atypique.

Un lieu singulier
Cette exposition est singulière. Il est rare de pouvoir observer des véhicules rares dans un si beau lieu. En effet, la lustrerie Mathieu est une ancienne usine d’ocre, une spécialité du Luberon, le lieu est donc teinté d’orange. Notamment dans le premier hall d’exposition où les anciennes machines sont toujours présentes. Le bois et les sangles du mécanisme sont complètement orange. Un conseil évitez de vous y frotter si vous avez une belle chemise blanche. Heureusement, les voitures présentent dans ce premier hall ne sont pas recouvertes de la même pellicule d’ocres.

Retour aux origines
L’exposition débute dans un premier espace qui laisse admirer deux exemplaires de la première génération de 911. Toutefois avant d’entrer, vous serez accueillis par une Porsche 911 type 992 Sport Classic. Magnifique passage de témoin entre ces véhicules qui sont séparés par 6 décennies. En effet, cette Sport Classic reprend les éléments qui ont fait le succès de la 911 à travers les ages, elle obtient un aileron en queue de canard que l’on retrouve sur les 911 Carrera RS 2.7 mais aussi une sellerie pied-de-poule, des jantes type « Fuchs » ou encore une boîte mécanique. Cette version est dotée d’un flat 6 de 550 chevaux. Magnifique manière de débuter l’exposition.

Cette première partie de l’exposition met la lumière sur une magnifique Porsche 911 blanche de 1964 rappelant toute la simplicité et l’élégance qui ont participé au succès de la 911 à travers les années. La visite se poursuit avec la découverte d’une 911 S de 1966. Avec 160 chevaux tirés de son flat 6 de 2 litres, elle était la star de son époque. Une voiture ayant participé à de nombreux tournages de publicité ou de film. Une véritable icône qui se laisse admirer.



911 RS
La visite se poursuit dans un second espace d’exposition qui regroupe toutes les générations de 911 RS. Le plateau est sublime, en ouvrant la porte, une 911 Carrera RS 2,7 litres vous accueille de la plus belle des manières. Cet exemplaire de 1973 est souvent considéré comme la 911 ultime pour un collectionneur. Elle a marqué son époque par ses performances de premier plan, avec 210 chevaux elle était capable d’atteindre 245 km/h. Si ce n’est pas impressionnant de nos jours, il faut se rappeler qu’en 1973 la sportive populaire est la Peugeot 104 ZS qui atteint seulement 155 km/h. La 911 montre déjà toute sa performance et cette 2,7 RS est tout bonnement une voiture de course homologuée pour la route comme en témoignent ses jantes larges, son aileron en queue de canard ou encore son appellation Carrera qui était réservée aux versions de course.



S’ensuit toutes les autres générations de 911 Carrera RS, la Porsche 911 type 964 avec ses 260 chevaux tirés du moteur 6 cylindres à plat de 3,2 litres mais aussi son intérieur allégé qui embarque deux baquets Recaro. À sa gauche, une Porsche 911 type 993 Carrera RS, la dernière du nom mais présente ici dans sa rare version CS. Elle pousse encore un peu plus la performance du flat 6 atmosphérique refroidi par air en portant sa puissance à 300 chevaux. Celle-ci est aussi très convoitée avec seulement 227 exemplaires de CS sur les 1 014 unités de 993 RS.



La visite de cette espace se poursuit en passant à présent sur les 911 GT3 RS. Toutes les générations des dignes héritières des 911 Carrera RS sont toutes présentes, on peut donc admirer la mal aimée, la 911 type 996 GT3 RS qui je dois l’avouer me fait un effet tout particulier. Avec son regard sans optiques ronds, elle se distingue franchement des autres 911 et c’est la toute première 911 à adopter un refroidissement par eau, un changement décrié par les passionnés à l’époque mais cela s’est imposé comme la nouvelle norme des flat 6 de 911. De plus, ce flat 6 3,6 litres de 381 chevaux est dérivé du Mezger lancé dans la 911 GT1 (on y revient plus tard).

Que dire de la 911 type 997 GT3 RS 4.0 litres qui occupe la dernière place de cet alignement si ce n’est « WOW ». Elle peut se vanter d’être la dernière GT3 RS disponible en boîte mécanique. Une version lancée pour célébrer la fin de la carrière de la génération 997 et comme à son habitude, Porsche y est allé franchement en donnant une mécanique de feu à cette GT3 RS, la dernière itération du Mezger développe 4.0 litres de cylindrée pour 500 chevaux. De plus, elle est limitée à seulement 600 exemplaires, une voiture collectionnable comme toute celle présente dans cette exposition.

Enfin pour conclure avec les 911 GT3 RS, les deux dernières générations sont présentes. La 991 GT3 RS avec son flat 6 de 520 chevaux et la très impressionnante 992 GT3 RS, récemment lancée par la marque elle est déjà sous vos yeux. Une voiture qui va vous couper le souffle tant son aérodynamisme est travaillé pour créer de l’appui à haute vitesse.



Bien que cette espace de l’exposition mette en avant toutes les 911 RS. Au fond de la pièce sont exposées deux véritables pépites. Deux voitures qui ont marqué les années 80. On commence par la découverte non pas d’une Porsche mais d’une RUF, la seule voiture de l’exposition à ne pas porter un blason Porsche. En effet, RUF est un constructeur reconnu mais pour l’occasion on pardonnera à cette RUF CTR « Yellowbird » de ne pas être une Porsche. Basée non pas sur une 911 Turbo mais sur une 911 3.2, RUF a réalésé la mécanique à 3,4 litres et a surtout ajouté deux turbos permettant de porter la puissance à 469 chevaux, une version très exclusive car produite à seulement 26 exemplaires. De plus, le poids a été réduit de 200 kg pour atteindre 1 170 kg, seulement. Avec une vitesse de pointe de 343 km/h avec sa boîte mécanique RUF à 5 rapports, elle était plus rapide qu’une Ferrari F40 ou qu’une Lamborghini Countach. Difficile de faire mieux dans les années 80.

Cette RUF CTR est accompagnée d’une toute aussi magnifique Porsche 959. On lui pardonne de ne pas être une 911 car la première hypercar de Porsche est basée sur une 911. Elle va ouvrir la voie aux Porsche Carrera GT et Porsche 918 Spyder mais on connaît plus la 959 pour avoir remporté le Paris-Dakar 1986. Il faut avouer que la 959 était la base parfaite pour lancer une Porsche sur le rallye-raid. À cette époque le Porsche Cayenne n’était même pas encore envisagé et la 959 était la seule Porsche à 4 roues motrices. En ce qui concerne sa mécanique, elle est basée sur un flat 6 de 2,8 litres sur lequel deux turbos ont été ajoutés permettant de porter la puissance à 450 chevaux.



911 Speedster
Une autre série marquante de 911 est la Speedster. L’objectif de Porsche est simple, appliquer les performances d’une sportive à un cabriolet. La lustrerie Mathieu a aussi mis en avant toutes les générations de Speedster. On peut donc admirer la première 911 caisse G de l’exposition dans sa déclinaison Speedster au côté d’une 964 et d’une 997 Speedster. Enfin, la dernière Speedster en date est aussi présente et est certainement la plus désirable puisqu’elle reprend les éléments esthétiques de ses aînés avec un pare-brise court, un double bosselage à l’arrière mais elle ajoute maintenant des éléments de la GT3. On y trouve le fabuleux flat 6 4.0 litres de 510 chevaux, une boîte mécanique ou encore des sièges baquets. Lorsque l’on admire, on s’imagine très facilement à son volant, un soir de juillet sur les routes du mont Ventoux voisin.

911 Targa
La suite de la visite se fait un 3 ème et dernière espace. De loin le plus grand et qui abrite une importante diversité de Porsche. En arrivant par le haut, les visiteurs sont accueillis par deux Targa Porsche. La plus ancienne est une 912 Targa toit souple, la seule 911 de l’exposition à avoir un flat 4 et non un flat 6 comme ses sœurs. Elle était à l’époque une voiture destinée au plaisir de la conduite cheveux au vent plutôt que la recherche de la performance. Avec seulement 90 chevaux, on se voit cruiser au volant de ce Targa lancé en raison d’une contrainte du marché américain. En effet, la Targa est née pour contourner une norme aux Etats-Unis qui demandait un arceau de sécurité obligeant les cabriolets à s’adapter.

L’autre 911 Targa présente est une 992 dans sa version limitée Heritage. Avec 450 chevaux, elle est forcément plus performante mais le plaisir de rouler au grand air reste identique.
Enfin deux Targa particulières sont exposées à l’étage du dessous. Ce sont deux exemplaires ayant servi dans la police hollandaise et étant encore dans leur configuration d’époque.

La 911 et la compétition
Si l’exposition n’était pas déjà assez étincelante jusqu’à présent, cette dernière partie va finir par convaincre même les visiteurs les plus difficiles. Tout commence par un prototype de 911 R de 1967. Produite à seulement 19 exemplaires par le département compétition de la marque, elle s’impose sur tous les rallyes avec son moteur de 210 chevaux dérivé de la 906, son poids de 810 kg, un châssis étroit et un empattement court. C’est elle qui donne les premières victoires en compétition à la 911.



Les visiteurs sont invités à descendre par une rampe qui laisse place à une 911 ST de 1970 et une 911 SC/RS. Cependant, la plupart des visiteurs passeront rapidement sur ces deux modèles pour arriver vers l’un des points centraux de l’expo.

En effet, une Porsche 911 type 996 GT1 est présente dans ce hall. Cette version ayant couru en FIA-GT a connu une grande bataille avec les Mclaren F1 et Mercedes-Benz CLK GTR. Une période où pour courir en endurance, il fallait produire au moins 25 voitures de série. L’exemplaire présent ici est encore dans sa livrée avec laquelle il a couru dans les années 90. Une auto qui a servi les intérêts de la série avec le moteur « Mezger » que l’on retrouve dans les Porsche 911 type 996 et 997 Turbo, GT3, GT3 RS, GT2 et GT2 RS.




En parlant de GT2, la suite de la descente vers le centre de la salle se fait en passant devant la toute première du nom. Une Porsche 911 type 993 GT2. Son look est bestial avec son châssis large encore élargi par des ailes rivetées sur la carrosserie, le pare-chocs avant est très agressif et on y retrouve un aileron imposant. La formule est presque identique a la 911 type 964 Carrera RSR qui est juste devant. La 993 GT2 dispose de deux turbos pour une puissance de 450 chevaux soit 100 chevaux que la 964 Carrera RSR au flat 6 atmosphérique qui lui tient compagnie. Avec ces deux versions, on peut admirer ce que Porsche a fait de plus performant homologué sur route pour la 964 et pour la 993.



Lorsque l’on arrive au centre de cette exposition, on est accueilli par une récente 911 R mais les regards sont inévitablement attirés par les deux Porsche 935. Atypique dans la production Porsche car ces deux voitures ne disposent pas des fameux optiques avant ronds. En effet, la 935 originelle fut lancée dans les années 70 pour courir dans la catégorie super-silhouette, l’aérodynamisme primait donc Porsche a choisi d’adopter un « flat nose ». Un aérodynamisme particulièrement travaillé donnant à cette 935 le surnom de « Moby-Dick ». En 2019, Porsche ressuscite la 935 avec une réinterprétation de Moby-Dick. Difficile de reconnaître la 911 type 991 GT2 RS qui sert de base à cette 935 du XXI ème siècle. Pourtant elle dispose bien de la même mécanique de 700 chevaux, elle est allégée et pèse seulement 1 380 kg tandis que l’aérodynamisme est encore très travaillé.




Parmi ce plateau impressionnant on peut noter le duo de 911 RSR toutes les deux de 1973, l’une est dotée d’un moteur 2,8 litres atmosphérique tandis que l’autre est dotée d’un moteur 2,1 litres turbo. La version atmosphérique est dans une décoration Martini et est déjà bien élargie mais la 911 RSR Turbo est très très large. L’aileron est gigantesque tandis que le turbo à l’arrière de la voiture est à nu, stupéfiant. À voir cette voiture, on s’imagine le son assourdissant qu’elle doit produire.




Enfin, la visite se termine par l’ensemble des générations de 911 Turbo S allant de la caisse G à la 992 en passant par la 965, la 993, la 996, la 997 ou encore la 991 dans sa version Exclusive cabriolet avec des jantes en carbone. Avant de partir, on vous conseille de jeter un œil sur la 992 GT3 Cup d’Arthur Mathieu dont la miniature est disponible dans la boutique de l’exposition.



Visiter l’exposition
Pour visiter cette exposition, on vous conseille 2 heures de temps libre au minimum. Il faut aussi savoir qu’elle est accessible tous les soirs jusqu’au 22 janvier prochain de 17 heures à 21 heures et que l’accès est gratuit pour tous. Toutefois, nous vous conseillons de venir en semaine car l’exposition est victime de son succès et concentre beaucoup de monde le week-end. Plus de 3500 visiteurs se déplacent à Gargas dans le Luberon (entre Avignon et Apt) certains soirs de week-end. Face à cette affluence prouvant le succès de l’exposition à la Lustrerie Mathieu, on ne peut que féliciter Regis Mathieu et ses équipes d’avoir réussi à concentrer une sélection de Porsche aussi rares les unes que les autres dans un lieu qui les met parfaitement en valeur.