Comment assurer le recyclage des véhicules électriques ?

Si les véhicules électriques sont l’une des innovations majeures de ces dernières années dans le domaine de l’automobile, ils posent un défi : celui du recyclage. En effet, avec des métaux rares et précieux mais aussi des polluants, il n’est pas facile de recycler une voiture électrique. Il faut alors repenser toute une filière pour prendre en charge le recyclage des véhicules électrifiés dans les meilleures conditions.

Si la voiture électrique démarre sa vie avec une dette écologique – la production d’une voiture électrique rejette plus de CO2 dans l’atmosphère que celle d’une voiture thermique -, son émission globale sur sa durée de vie est 77 % inférieure à celle d’une voiture thermique. Toutefois, le recyclage de ces voitures polluantes à fabriquer n’est pas encore maîtrisé. Il s’agit ici d’un point de développement essentiel devant aller aussi vite, si ce n’est plus, que l’accroissement des ventes de véhicules électriques. Mais pourquoi le recyclage des voitures électriques pose-t-il tant de problèmes ?

Un recyclage plus difficile

Les voitures électriques sont pour l’instant récentes, elles ne sont pas nombreuses dans les casses auto. Pourtant, elles posent déjà un défi, celui du recyclage, car toute une filière doit s’adapter. En effet, lorsqu’une voiture thermique est reprise par un casseur, le professionnel désosse la voiture pour vendre les pièces détachées encore en état de fonctionnement. Le gros de son bénéfice réside dans le moteur et la boîte de vitesses. Ces derniers peuvent être vendus à des prix compétitifs sur le marché de la pièce détachée d’occasion et peuvent ainsi donner une seconde vie à une voiture en panne.

Mais pour un véhicule électrique, le démontage est tout autre. Démonter une batterie de véhicule électrique ou le moteur est plus complexe. Premièrement, il faut avoir les habilitations et formations nécessaires pour le faire en sécurité, car les hautes tensions d’un véhicule électrique peuvent mettre en danger l’opérateur. Une seconde contrainte est le poids de l’élément : une batterie de véhicule électrique est bien plus lourde que n’importe quelle boîte de vitesses de voiture thermique équivalente. Les casseurs doivent s’équiper pour démonter une batterie, ce qui représente un investissement lourd.

Des matières dangereuses

Lorsque une batterie de véhicule électrique est déclassée et ne peut plus servir, elle doit être évacuée avec des déchets dangereux. Les exigences de gestion sont bien plus strictes que pour une autre pièce automobile. C’est une contrainte supplémentaire pour les casseurs. Le transport vers un centre de gestion adapté est coûteux.

Des coûts de réparation élevés

Autre élément compliquant le recyclage des véhicules électriques : le coût de réparation élevé. En cas d’accident ou de défaillance de la batterie, les devis de réparation atteignent très rapidement des sommes importantes, dépassant parfois la valeur de la voiture sur le marché de l’occasion. Dans ce cas, on se pose la question de l’intérêt de réparer la voiture.

Une voiture qui n’est économiquement pas réparable après un accident ou une panne ira dans une casse. Elle va devoir faire face à un processus de recyclage en manque de rodage. Malheureusement, ce phénomène arrive plus souvent qu’on ne le pense. Notamment avec les pièces fabriquées d’un seul bloc par une giga-presse, un processus utilisé par le leader américain des véhicules électriques. En cas d’accident, il est parfois impossible de redresser l’élément, obligeant son remplacement pour un prix astronomique. La Fédération de la distribution automobile (FEDA) a alerté les autorités sur cette technique industrielle impactant le budget des consommateurs en cas de réparation.

Comment améliorer le recyclage des voitures électriques ?

Pour améliorer le recyclage des véhicules électriques, plusieurs solutions sont possibles. Tout d’abord, faciliter les démarches. Pour les casseurs, il est essentiel de les aider en repensant la réglementation, en allégeant les contraintes de transport des batteries et en favorisant le reconditionnement plutôt que le stockage en casse automobile. Pour cela, une filière doit se développer avec des opérateurs spécialisés dans le reconditionnement des batteries. Enfin, la fin de vie des véhicules électriques doit valoriser la revente en pièces détachées plutôt que la simple masse du véhicule.

En 2022, Skoda nous avait présenté dans son usine spécialisée dans les véhicules électriques à Mlada Boleslav des solutions pour réutiliser des batteries usagées. L’idée était d’en faire des réservoirs tampons pour faciliter la recharge rapide des voitures électriques sans mettre en difficulté le réseau électrique.