C’est une petite musique qui traîne depuis plusieurs mois : et si on limitait le bonus électrique aux véhicules produits en Europe ? Le gouvernement sous l’impulsion du Président de la République a peut-être trouver l’angle légal pour cela.
Cela fait des mois que l’on fait remarquer que le bonus électrique est versé pour des véhicules non produits en France, ni même en Europe. Les deux premiers véhicules vendus en France sont le Dacia Spring et le Tesla Model Y, deux véhicules faits en Chine pour l’un, et en Chine et aux USA pour l’autre. Pour le Model Y, normalement les livraisons à venir viendront d’Allemagne.
Interrogé sur une réforme de ce bonus pour ne plus le verser à des produits importés d’en dehors de l’Europe, l’Elysée a fait savoir que c’était un sujet d’actualité. Cela doit même être évoqué ce jeudi lors d’une réunion avec le monde industriel à l’Elysée.
Or, les règles mondiales du commerce, régies par l’OMC et dont la France est signataire, l’empêche de discriminer les véhicules selon leur origine. Alors comment faire ? Eh bien, il suffit d’attaquer non pas l’origine du véhicule, mais l’origine de l’énergie mise en jeu dans la production du véhicule électrique, ainsi que de sa batterie.
Un élément de la réindustrialisation
Si le pays producteur a un mix énergétique fortement carboné par exemple, il ne pourra pas prétendre au bonus électrique. Sont directement visés, sans les nommer, la Chine et les Etats-Unis. Cela permettrait ainsi de passer outre les règles de l’OMC. Cela permettra aussi aux usines européennes en construction de voir le jour sereinement. En France, une 4e usine doit voir le jour à Dunkerque. Le Président Macron doit se rendre dans la ville pour parler de réindustrialisation.
Pour autant, tout n’est pas encore clair et ne garantira pas de se prémunir contre “l’invasion chinoise”. En effet, si un constructeur achète son électricité à un fournisseur “vert”, comment justifier de ne pas octroyer de bonus ? Pour autant, la main-d’œuvre restera au même prix “plancher” et le prix largement plus bas que si le véhicule était assemblé en Europe. Quant à Tesla, ses véhicules viennent désormais d’Europe (model Y) et continueront donc à bénéficier du bonus de 5 000 € pour un véhicule de moins de 47 000 €.
En faire un argument de vente
Si ce bonus en fonction de l’énergie de production voit le jour, il pourra aussi faire partie du discours mercatique pour expliquer que les VE ne sont pas plus polluants que d’autres véhicules thermiques à produire. Cela reste encore l’un des grands reproches faits aux voitures 100% électriques.
Cette origine de l’énergie est au cœur des préoccupations de certains constructeurs qui annoncent régulièrement des contrats avec des fournisseurs d’électricité “renouvelable”, ou des sources d’aluminium ou autres matières premières tracées et plus vertueuses. Reste aux acheteurs à faire le choix de l’industrie locale ou étrangère hors Europe.
Pour résumer
Le bonus électrique pourrait rapidement évoluer pour contrer les importations de véhicules électriques chinois. Sans stigmatiser un pays, ce qui serait contraire aux règles de l’OMC, la France pourrait prendre en compte l’énergie pour produire le véhicule, et son côté carboné ou non. Une façon de contrer les véhicules chinois, mais aussi américains.