Essai Alfa Romeo Junior Veloce : on ne s’attendait pas à ça !

Alfa Romeo fait partie des marques synonymes de passion et d’émotion, les nouveautés sont donc très attendues par la communauté de fans de la marque et, plus largement, par l’ensemble des passionnés. Et lorsque le constructeur italien a annoncé l’arrivée d’un SUV électrique dans sa gamme, le Junior, nos craintes étaient grandes. En effet, avec le rachat de la marque par le groupe Stellantis, on avait peur de voir disparaître une partie de l’émotion présente dans les Alfa Romeo. Heureusement, cette version Veloce de l’Alfa Romeo Junior nous a montré tout l’inverse. Il s’agit d’une étonnante version sportive qui nous donne envie d’en découvrir plus sur l’avenir électrisé de la marque. marocmobilite a pu prendre le volant de l’Alfa Romeo Junior Veloce, découvrez notre avis dans cet essai.

Il ne passe pas inaperçu !

Lorsque l’on découvre pour la première fois l’Alfa Romeo Junior (ATTENTION, il ne faut pas l’appeler Milano, le SUV a changé de nom en dernière minute), il est difficile de trouver un lien de parenté avec les autres B-SUV du groupe Stellantis. Pourtant, la plateforme est bien partagée avec des modèles tels que le Peugeot 2008, l’Opel Mokka ou encore le Jeep Avenger.

Cependant, les designers d’Alfa Romeo ont fait le nécessaire pour le différencier de ses cousins. Le premier élément marquant de design est cette calandre “Scudetto”. Elle est disponible en deux versions, soit Leggenda avec la motorisation hybride de 136 chevaux ou électrique de 156 chevaux, soit Progresso avec notre modèle d’essai Veloce de 280 chevaux. Vous remarquerez la taille réduite de ce “Scudetto” par rapport à ceux des Giulia et Stelvio, la raison étant imposée par des normes. L’Union européenne ne permet plus aux nouvelles voitures d’avoir la plaque d’immatriculation déportée. Dommage, avec une grande calandre, l’Alfa Romeo Junior aurait eu encore plus de style ! À la place, une bouche d’aération assez massive est installée en bas du pare-chocs.

Les optiques avant sont effilées, elles apportent une véritable touche de dynamisme à l’avant du Junior. La signature lumineuse en quatre barrettes de LED vient accentuer le caractère du Junior.

De profil, on remarque des jantes de 20 pouces pour cette version Veloce. Le design à quatre branches est non seulement atypique, mais il laisse aussi admirer les disques de frein ventilés de 382 mm et les étriers de frein rouges à quatre pistons (le disque arrière est en revanche bien plus petit, donnant le sentiment d’être perdu dans cette immense jante). À la manière de l’Alfa Romeo 147, les poignées de portes arrière sont dissimulées dans le montant C. On a visuellement l’impression d’avoir affaire à un SUV trois portes. On remarque sur le bas des portières une baguette rouge et le logo Alfa Romeo sur le montant C.

Ce que l’on remarque à l’arrière, c’est cette lunette très inclinée venant donner une touche de dynamisme au Junior. La signature lumineuse reprend le même design qu’à l’avant. On regrette simplement que le logo stylisé de la marque Alfa Romeo soit noir. Avec la couleur Noir Tortona de notre exemplaire d’essai, il est presque impossible de distinguer le logo, tout comme l’inscription Veloce sur les ailes. Dommage, une voiture italienne devrait être plus fière de son appellation en proposant une version chromée des badges.

L’Alfa Romeo Junior ne passe pas inaperçu. Lors de notre essai sur les routes des Bouches-du-Rhône, des têtes se sont tournées. Une personne est même venue nous demander quelle était cette Alfa Romeo, preuve que la marque intéresse toujours malgré une actualité récente peu fournie en nouveautés.

Un intérieur des plus sportifs

Comment parler de l’intérieur sans commencer par les sièges ? Alfa Romeo surprend en montant des baquets Sabelt dans un petit SUV au gabarit urbain (4m17). Ces sièges offrant un maintien sans reproche ont une sellerie en cuir et Alcantara avec des surpiqûres rouges. Le dossier est ajouré et le logo de la marque est brodé sur l’appui-tête.

Du cuir et de l’Alcantara sont aussi présents sur le petit volant rond. Les touches présentées sur les branches sont en piano black. On retrouve une instrumentation digitale et un écran d’infodivertissement tactile au format surprenant. Il ne s’agit pas d’un écran 16/9, mais il est toutefois bien intégré à la planche de bord.

Les places arrière ne permettent pas d’installer confortablement un adulte. Une personne d’1m80 rentre, mais va vite se sentir à l’étroit, d’autant plus que les sièges Sabelt à coque rigide prennent de la place et limitent la visibilité avant. Le coffre de 400 litres est satisfaisant pour la catégorie.

Les plus avertis remarqueront des héritages d’autres modèles du groupe Stellantis. On retrouve le même bouton de démarrage et sélecteur de vitesses que dans une Peugeot e-208, les commandes rapides de la climatisation et du système d’infodivertissement viennent du Jeep Avenger, les boutons sur le volant sont de Peugeot, et les lève-vitres ainsi que le réglage des rétroviseurs se retrouvent dans un nombre incalculable de modèles du groupe. Mais le design intérieur de l’Alfa Romeo Junior est suffisamment travaillé pour qu’aucune réutilisation ne soit choquante visuellement.

En revanche, on peut être déçu par les matériaux et assemblages du Junior. Au prix de 460 990 dirhams pour une voiture compacte, on est en droit d’espérer mieux, puisque l’on retrouve des plastiques durs et des assemblages pas très bien ajustés. Dommage, on a le sentiment que tout le budget est parti dans les sièges et sous le capot du Junior Veloce.

Une véritable petite GTI, mais électrique !

D’abord annoncé à 240 chevaux, c’est finalement 280 chevaux et 345 Nm de couple qui animent l’Alfa Romeo Junior Veloce. Une batterie de 51 kWh trouve place dans le châssis du SUV électrique latin. L’autonomie n’est pas encore annoncée officiellement, mais Alfa Romeo nous indique environ 365 km d’autonomie pour cette version Veloce. L’autre motorisation électrique de 156 chevaux atteint 410 km d’autonomie. Les deux versions acceptent une charge rapide à 100 kW permettant un passage de 10 à 80 % de charge en 30 minutes.

Maintenant que les présentations sont faites, passons à ce qui nous intéresse : les performances dynamiques du Junior Veloce ! Car oui, ce SUV a l’audace de revendiquer un comportement sportif. Nous avons pu vérifier les dires d’Alfa Romeo dans le col de l’Espigoulier et sur le circuit Driving Center du Castellet.

Avec un 0 à 100 km/h en 6 secondes et une vitesse maximale de 200 km/h, les performances sont suffisantes pour se faire plaisir, et même risquer de perdre son permis pour les trop imprudents. Les reprises sont franches et l’instantanéité d’un moteur électrique par rapport à un équivalent thermique permet de se relancer plus rapidement. Autant dire que sur route sinueuse, on n’a aucunement besoin de plus de puissance pour s’amuser. D’autant plus qu’on arrive vite au bout de la ligne droite. Il est alors nécessaire de freiner, les freins manquant un peu de mordant, pour ralentir. Alfa Romeo a typé le comportement du Junior très neutre, le train arrière ne souhaite pas bouger lorsque le freinage le déleste, un petit regret lorsque l’on est habitué aux comportements des compactes sportives à traction.


Dans les virages, on profite de l’apport d’un autobloquant Torsen, c’est une première sur une voiture électrique ! L’Alfa Romeo se dote de la quatrième génération, le type D, identique aux voitures thermiques sportives. Résultat, la puissance de l’Alfa Romeo Junior passe correctement au sol même en virage. Le Torsen a tendance à vous tirer vers la corde, bon point ! L’amortissement est également bon, travaillant en accord avec des barres antiroulis, l’Alfa Romeo Junior Veloce vire à plat. La monte de pneumatiques a aussi été pensée pour offrir un bon comportement en virages. Les Michelin Pilot Sport EV ont du grip ; ce n’est que sur circuit, en abusant et en forçant le train avant à tourner, qu’on observe du sous-virage.

La direction est directe mais manque d’information. Même en mode Dynamic, parmi les trois modes du DNA adapté à l’électrique (Dynamic, Neutral et Advanced Efficiency), la direction est trop assistée. On regrette également l’absence de palettes au volant pour gérer la puissance du freinage régénératif. Il faut passer par le petit bouton “B” sur la console centrale. En conduite dynamique, on perd du temps à tâtonner pour le trouver. Dommage, car des palettes auraient bien collé à l’ADN sportif du Junior Veloce. Aussi, si les suspensions contiennent bien les mouvements de caisse, elles n’épargnent pas votre dos sur les ralentisseurs et autres aspérités présentes sur la chaussée. En d’autres termes, l’Alfa Romeo Junior Veloce est raide, trop raide pour en faire une voiture agréable à utiliser en ville. Une suspension exigeante qui n’est pas sans rappeler celle d’une Abarth 595, autre petite italienne sportive au fort caractère.

Attention à la consommation d’électricité !

L’Alfa Romeo Junior Veloce invite à rouler de manière dynamique et, sans langue de bois, il invite à rouler vite. L’accélération instantanée d’une voiture électrique, couplée à l’absence de changement de rapport ainsi qu’à l’absence de bruit, fait que la vitesse se ressent moins. En revanche, vous comprendrez avoir roulé vite en voyant votre consommation électrique augmenter et votre autonomie fondre comme neige au soleil. Nous avons réussi à dépasser les 40 kWh/100 km lors de notre essai. À ce rythme-là, seulement une centaine de kilomètres sont possibles.

Pour une utilisation quotidienne et les longs trajets, il faudra modérer l’usage de la pédale d’accélérateur, anticiper et utiliser à bon escient la récupération d’énergie. Mais quelle frustration ! L’Alfa Romeo Junior Veloce est l’une des rares voitures électriques qui n’invite pas à l’écoconduite.

Conclusion

L’Alfa Romeo Junior Veloce est réjouissant, et c’est ici le passionné d’automobiles sportives qui vous parle. Après avoir essayé, depuis des mois, des voitures électriques ayant pour la plupart des comportements aseptisés et similaires, le Junior Veloce sort du lot. Ce petit SUV se conduit comme les petites GTI aujourd’hui disparues, une prouesse quand on connaît le comportement dynamique de ses cousins, les Peugeot e-2008 et Opel Mokka Electric.

alfa romeo junior veloce arrière

Cependant, annoncé à 460 990 dirhams, le Junior Veloce est un achat plaisir et peu raisonnable. Une MG 4 X Power avec 435 chevaux et quatre roues motrices est 60 000 Dirhams moins chère (elle ne profite cependant pas du bonus écologique de 40 000 Dirhams contrairement au Junior), mais elle ne propose pas un comportement aussi sportif. 460 990 Dirhams est un budget qui vous donne accès à la meilleure petite sportive du marché, la Toyota GR Yaris, mais à condition de ne pas habiter en France à cause du malus exorbitant sur ce modèle. En résumé, le Junior Veloce est pour l’instant sans concurrence dans son segment. Aucune voiture électrique de son gabarit n’arrive à avoir le même comportement. La concurrence viendra probablement de l’Abarth 600e. Enfin, on se réjouit déjà d’essayer la prochaine Lancia Ypsilon HF utilisant la même motorisation avec son autobloquant, mais dans un gabarit plus réduit et avec un centre de gravité plus bas.