À travers son restylage de mi-carrière, le Skoda Karoq tente de rester dans le bon wagon des SUV compact. Pas simple en face d’une concurrence qui a déjà électrifié bon nombre de ses modèles. Mais le tchèque a plus d’un tour dans son sac comme il nous l’a montré à l’occasion d’un road trip en Finlande, un environnement qui convient bien aux caractéristiques du Karoq.
Par nature, les Finlandais sont taciturnes. Ou plutôt réservés. Pour autant, il en faut peu pour les désinhiber, en leur offrant un “lonkero” par exemple, ces sodas légèrement alcoolisés et aromatisés à la cerise, au citron ou à l’ananas, dont beaucoup d’entre eux raffolent. Les “suomi” deviennent alors on ne peut plus chaleureux. Le Skoda Karoq restylé, c’est un peu la même chose. Un design discret d’un côté et de l’autre des motorisations et des équipements qui font du Karoq un bon compagnon de route.
Il faut le reconnaître, les lignes du Karoq restylé ne font pas forcément tourner autant les têtes qu’un Enyaq coupé RS vert mamba à Crystal Face. Le Karoq affiche tout de même des boucliers et des optiques plus incisifs. Comme tranché par la lame d’un puukko, ces couteaux nordiques mondialement réputés qui atteignent une qualité de finition exceptionnelle lorsqu’ils sont créés des mains expertes des forgerons finlandais. Nous en avons rencontré un lors de notre aventure. Martti Malinen est un véritable artiste en la matière, ses créations vont de la simple lame à peine forgée jusqu’à la hache à lame Damas vendue pas moins de 1 260 euros. Le prix de l’excellence.
Skoda n’exige pas le même tarif pour ses optiques pourtant compatibles désormais avec la technologie Matrix LED qui tend à se généraliser sur les nouveaux modèles Skoda. Cependant il faudra opter pour les finitions Sportline ou Style pour en bénéficier ici. Les boucliers sont voulus plus aérodynamiques avec un gain sur la consommation nous dit-on, difficile à quantifier malgré tout. De nouveaux jeux de jantes sont en outre proposés, de 17 à 18 pouces, dotés d’inserts supplémentaires sur chaque branche pour réduire les perturbations aéro, là encore au bénéfice des consommations. Enfin, coté couleurs, le nuancier propose trois gris, un noir, un blanc et pour plus d’exotisme un bleu, un rouge et un orange, le tout facturé entre 300 et 1 100 euros.
Avec 4,39 m de long sur 1,84 m de large pour 1,60 m de haut, le Karoq affiche un gabarit légèrement supérieur à un Peugeot 2008 par exemple, très similaire à un Kia Niro et entre celui d’un Renault Captur et d’un Austral.
Plus moderne qu’il n’y paraît
Skoda Karoq restyléCredit Photo – Adrien Cortesi
Puisqu’il ne s’agit que d’un restylage, l’ambiance à bord du Karoq date toujours de son lancement fin 2017. Un agencement simple, avec une boutonnerie indépendante pour le chauffage notamment. Un écran central tactile Digital Display de 8 pouces (en série), un Digital Cockpit de 10,25 pouces (avec charge à induction via pack Techno en série sur Sportline et Style, 590 euros sur Ambition), un volant cuir à méplat ou encore un coffre centrale de rangement au-dessus de la planche de bord, sont les principaux équipements qui sautent aux yeux de notre modèle d’essai Sportline. Ce restylage introduit en outre le réglage électrique des 2 sièges avant (en série sur Style ou via un gros pack à 1 170 euros sur Sportline incluant sièges en cuir et rétroviseurs électrochromatiques et rabattables électriquement).
En se plongeant dans le configurateur, Skoda propose une multitude de personnalisations. Pas moins de 8 combinaisons sont disponibles selon les finitions, jouant sur les couleurs et matériaux des selleries, de la planche de bord, du ciel de pavillon, de la console centrale et des garnitures de portes. Pour ce restylage, Skoda inaugure un pack Eco composé notamment de housses de sièges en matériau recyclé dit “vegan” imitant le cuir. Mention spéciale pour les sièges à combinaison tissue/simili cuir noir et mokka ou les touts cuir beige. C’est une vraie marque de fabrique des modèles Skoda que de proposer des ambiances très distinctives et le constructeur va encore plus loin dans la variété des matériaux sur ses modèles les plus récents à travers ses ambiances baptisée Lounge. L’Enyaq en est la meilleure illustration et elles arrivent aussi sur la nouvelle Superb ou le nouveau Kodiaq par exemple.
Pour choisir ses équipements, Skoda fonctionne ensuite majoritairement par packs, de 300 à 1 170 euros. Un symbole à lui tout seul sur ce restylage en matière d’aides à la conduite vient du pack Travel Assist, comprenez la conduite semi-autonome (de 330 à 980 euros selon la finition). À retenir également, le pack Performance qui ajoute la suspension pilotée, la direction progressive et les modes de conduite (de 920 à 980 euros, uniquement sur finitions et motorisations hautes). Ou encore les packs Simply Clever (110 à 160 euros) qui ajoutent des accessoires bien utiles au voyage comme les filets de coffre, des éléments de fixation ou de compartimentage, des tablettes au dos des sièges…
Une autre option vue plus souvent sur les vans que sur les SUV compacts concerne les sièges Varioflex (680 euros sur Ambition, en série sur Style mais impossible sur Sportline) qui divisent la banquette en 40/20/40, rend les dossiers inclinables et rabattables en portefeuille, de complètement les retirer ou, mieux encore, de supprimer le siège central pour repositionner les 2 restants vers le milieu et gagner ainsi en largeur aux coudes. De quoi rentrer plus aisément deux grands finlandais. Cette option est pertinente aussi dans le sens ou, par défaut, un SUV compact ne fait pas de miracles en habitabilité arrière et le Karoq ne fait pas exception. La position conducteur nous a aussi semblé un peu trop typée utilitaire, avec peu de profondeur de pédalier possible, même le volant tiré au maximum.
Dans le coffre en revanche, le Karoq fait honneur à la réputation du constructeur en matière d’espace de chargement avec 521 litres par défaut. À comparer aux 451 litres du Kia Niro, 434 litres du Peugeot 2008 et même aux 430 litres banquette reculée du Renault Austral pourtant plus imposant. De quoi rentrer facilement à bord du Karoq tout son équipement de hockeyeur, sport ô combien populaire en Finlande dont l’équipe nationale, les Leijonat (les Lions), a remporté le Championnat du Monde à 4 reprises. Skoda est profondément impliqué dans ce sport aussi en étant sponsor principal de la compétition depuis 30 ans, un record de longévité reconnu au Guiness Book soit dit en passant. Il faut dire que le constructeur tchèque a de bonnes raisons de perpétuer ce partenariat puisque son équipe nationale (en comptant l’ère Tchécoslovaquie et Tchéquie) a remporté la compétition à 12 reprises !
Motorisations fiables et éprouvées
Skoda Karoq restyléCredit Photo – Adrien Cortesi
Pour la même raison qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle génération de Karoq, les motorisations du SUV tchèque ne sont pas encore électrifiées. On retrouve toutefois la dernière gamme EVO du groupe Volkswagen : en essence, un 3 cylindres 1.0 TSI EVO (BVM6) de 110 ch, un 4 cylindres 1.5 TSI EVO de 150 ch (BVM6 ou DSG7) avec tout de même la technologie ACT qui coupe deux cylindres sur les très faibles charges. Côté Diesel, un unique bloc 2.0 TDI est proposé à 116 ch ou 150 ch avec pour cette dernière la possibilité d’une transmission 4×4 et, dans tous les cas, le choix de la transmission manuelle BVM6 ou automatique DSG7.
Cette dernière motorisation serait le choix idéal ici en terres finlandaises où il suffit de sortir des axes rapides pour rapidement se retrouver sur les lacets en graviers typiques des fameuses spéciales du rallye des 1000 lacs. Nous avons traversé cette fameuse région justement et il est facile de comprendre pourquoi, malgré ce revêtement, les pilotes atteignent des vitesses de passage qui font de cette manche du WRC, la plus rapide du calendrier. Le record de vitesse moyenne sur l’ensemble d’un rallye a d’ailleurs été établi ici, en 2016, avec 126,62 km/h entre les arbres. Le secret, quelle que soit sa vitesse, est de bien rester à la corde pour éviter de se faire embarquer vers l’extérieur par la convexité de la route. Et le gravier très sec aux angles saillants offre finalement beaucoup de grip. Même sur notre modèle d’essai qui n’était qu’un 2 roues motrices. Une version Sportline tout de même qui, en plus de bénéficier d’un traitement cosmétique faisant la part belle aux éléments noirs laqués et aux surpiqûres, est équipée de la direction progressive et des modes de conduite. En mode Sport ici, le Karoq se guide avec précision par une direction qui se durcit au fur et à mesure que le rythme augmente. Rien de révolutionnaire, mais elle aide à se sentir en confiance. Son amortissement, qui reste inchangé à moins d’opter pour le pack Performance, est dans la moyenne, suffisamment confortable face aux obstacles sans non plus être la plus onctueuse du marché.
Le TSI 150 de notre modèle d’essai fournit aussi un bel effort même si le couple plus généreux (340 Nm contre 250 Nm) du TDI 150 aurait notre préférence. Au détriment de l’agilité du châssis cependant. La boîte DSG7 du groupe Volkswagen est toujours à saluer ici, moins bruyante et plus réactive que les technologies des concurrents généralistes. Après 700 km environ, parcouru entre lacs et forêts, alternant axes rapides limités à 120 km/h et le plus souvent axes secondaires très eco friendly ne dépassant pas les 80 km/h, nous avons relevé une consommation moyenne de 6,5 l/100 km. Ce qui reste très raisonnable pour un essence non électrifié, même si seuls 2 personnes et leurs bagages (2 sacs cabines) étaient à bord.
Bilan
Skoda Karoq restyléCredit Photo – Adrien Cortesi
À une époque où toutes les nouveautés passent à l’électrification, le restylage du Karoq ne permet pas encore cette transition. Quand bien même, Skoda lui a donné le maximum de technologies permises par sa plateforme. Pas de tablette tactile géante à bord mais des technologies embarquées toujours actuelles comme son Digital Cockpit ou le Travel Assist, des motorisations 100% thermiques certes mais de dernière génération et quelques fonctionnalités pratiques qui peuvent le démarquer de la concurrence. Son offre 4×4 est aussi un atout sur le segment. On pourra lui reprocher son style extérieur, comme intérieur, resté relativement quelconque même après ce restylage mais qui conviendra très bien à ceux qui apprécient la discrétion. Encore qu’en finition Sportline, il a de quoi séduire tout autant que ses cousins du groupe Volkswagen. Le plus dur à accepter par contre, ce sont ses tarifs. On pouvait s’attendre à ce que ses motorisations classiques, lui évitant les surcoûts associés à l’électrification, permettent au Karoq de proposer des tarifs agressifs mais ce n’est pas forcément le cas. Avec un premier prix fixé à 31 980 euros (1.0 TSI 110ch BVM6 Ambition), il n’est que 360 euros moins cher qu’un Kia Niro qui, lui, est déjà de nouvelle génération et hybridé. Le Peugeot 2008, déjà électrifié depuis un moment, offre toujours quelques choix 100% thermiques dont le PureTech 100 ch qui ne demande que 25 350 euros en finition Active. Un Nissan Qashqai, fraîchement renouvelé démarre à 32 200 euros en finition Visia et il est déjà micro hybridé. Si, à prix équivalent, les concurrentes proposent des motorisations plus modernes que le Karoq, le tchèque se rattrape quand même un peu un habitacle mieux équipé, notamment par deux écrans quelle que soit la finition, là où les autres n’en proposent qu’un ou aucun sur leurs finitions d’entrée de gamme. Enfin, notre finition d’essai Sportline est la plus réussie à nos yeux quant à sa plastique extérieure mais elle exige 41 100 euros, heureusement avec une dot en série bien supérieure malgré tout. Et pour bénéficier du plus large choix de personnalisations, la finition Style est à privilégier, à partir de 41 825 euros tout de même, en encore, en cochant les options supplémentaires, on frise les 45 000 euros.
Pour résumer
À travers son restylage de mi-carrière, le Skoda Karoq tente de rester dans le bon wagon des SUV compact. Pas simple en face d’une concurrence qui a déjà électrifié bon nombre de ses modèles. Mais le tchèque a plus d’un tour dans son sac comme il nous l’a montré à l’occasion d’un road trip en Finlande, un environnement qui convient bien aux caractéristiques du Karoq.