ESSAI VOLKSWAGEN T-CROSS RESTYLÉ (2024) : AU CAS OÙ LE BLASON NE SUFFIRAIT PLUS

Sur le segment chargé des SUV citadins, Volkswagen ne simplifie pas les choses, avec trois propositions, qui mettent chacune l’accent sur un point d’attentes des clients, là où l’immense majorité de la concurrence préfère se concentrer sur un seul modèle quitte à réaliser quelques compromis. Le T-Cross est le plus petit des trois et passe par l’étape du restylage, aux effets discrets. À quel point cette mise à jour le fait-il progresser ?

Aux citadines polyvalentes, les SUV urbains y ajoutent un surplus d’espace à bord et une réponse à la tendance marquée et installée pour les véhicules surélevés. Plus petits que les SUV compacts, ils répondent tout comme eux à des besoins variés pour un public très large, mais avec des tarifs nécessairement plus bas. Ils sont donc logiquement particulièrement nombreux sur le marché. Tous essaient de proposer un maximum de place dans le minimum d’espace, avec le plus de style possible, le moins cher possible. Et éventuellement avec confort, dynamisme et technologie. Sur ce marché, Volkswagen était arrivé en 2018 avec son T-Roc, reposant sur la plate-forme de la Golf et comptant à l’époque parmi les plus grands des SUV citadins (4,24 m). Son image relativement statutaire, son habitacle accueillant et son coffre bien dimensionné ainsi que son offre mécanique étoffée ont fait des adeptes. Son restylage de 2022 y ajouta des efforts sur la qualité de finition qui lui faisait cruellement défaut.

Un an après l’arrivée du T-Roc, le T-Cross fit son apparition en 2019 sur le même segment. Mais avec d’autres atouts. Lui jouait la carte de la compacité avec ses 4,14 m de longueur, qu’il conserve dans cette version restylée ici à l’essai. Et si un DS 3 ou un Jeep Avenger font encore plus court, l’allemand présente comme principale force une habitabilité de très bon niveau et supérieure à celle de gabarits plus imposants. Une optimisation de son volume due à un profil très cubique, qu’il paye par un style des plus banals. Et comme son grand frère, la finition intérieure n’était pas non plus à son avantage. Un point qu’il corrige en partie en 2024.

Et pour compléter le duo, le Taigo s’est greffé à la famille en 2021. Ses 4,27 m de long le placent factuellement au-dessus des deux autres mais il s’agit en réalité d’une version « coupée » du T-Cross dont il partage la base technique, celle des citadines de la marque. Ses quelques centimètres ajoutés sont donc dévolus au style et à sa ligne de pavillon inclinée. L’habitabilité demeure inférieure à celle du T-Roc et plus semblable à celle du T-Cross, la modularité en moins.

Trois modèles pour un même objectif et la volonté de n’oublier personne. Pourtant, de nombreux concurrents ayant préféré se contenter d’un seul SUV citadin pour convaincre réussissent à se démarquer sur des caractéristiques et spécificités, que Volkswagen ne parvient pas forcément à égaler malgré une offre triplée. Mais la marque germanique possède pour elle une image difficile à challenger parmi les constructeurs généralistes. Et cela sert la valeur résiduelle à la revente. Suffisant pour se passer de certaines qualités ?

Renouvellement par défaut

Essai Volkswagen T-Cross restylé (2024) : au cas où le blason ne suffirait plus - Volkswagen T-Cross restylé (2024)

Volkswagen T-Cross restylé (2024)Credit Photo –

Le Volkswagen T-Cross a, quoi qu’il en soit, réussi à convaincre 1,2 million d’automobilistes dans le monde en quatre années de commercialisation. L’originalité n’est donc pas indispensable et les économies consenties sur la présentation intérieure peuvent passer après des considérations plus pratiques et l’importance accordée à un logo.

Pour son restylage, le changement de « look » n’est d’ailleurs pas flagrant. L’ajout de certains équipements et technologies sont même davantage notables, à l’image des phares matriciels à LED en série sur les niveaux d’équipement supérieurs alors que les niveaux inférieurs reçoivent d’emblée un éclairage full LED. Ces versions dotées de l’« IQ.Light Matrix LED », se distinguent par un bandeau lumineux à l’avant et des feux arrière spécifiques. La signature lumineuse forme des « X » de chaque côté répartis sur plusieurs niveaux de profondeur à l’intérieur de l’optique. Un bandeau lumineux les relie sur le hayon, là où le précédent T-Cross n’avait droit qu’à un liseré rouge non éclairé.

Calandre, boucliers, jantes, s’occupent de renouveler la carrosserie et de reprendre les éléments visuels qui permettent de rattacher ce nouveau T-Cross aux modèles Volkswagen récemment apparus dans la gamme. Les inserts triangulaires pour accentuer les feux de jour verticaux en représentent l’exemple le plus visible. Et trois nouvelles couleurs s’ajoutent au choix (jaune, bleu pastel ou rouge). Mais dans l’ensemble, il faut avoir l’œil pour s’apercevoir des modifications.

Certains auront d’ailleurs peut-être du mal à déterminer laquelle des deux versions est la plus ancienne ou ne pas apprécier cette nouvelle signature de feux par exemple. Un restylage de principe en somme.

Bonne volonté sur les matières

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Volkswagen T-Cross restylé (2024)Credit Photo

Sur le plan des nouveautés intérieures, la forme de la planche de bord évolue dans le même esprit, remodelant l’intégration de l’écran central, en le détachant du mobilier. Là encore, le gain esthétique dépendra des goûts mais cela a au moins l’avantage de rehausser très légèrement la dalle pour en améliorer la facilité de lecture pendant la conduite. La qualité des matériaux progresse en tout cas, avec du plastique moussé sur le dessus du tableau de bord et sur la bande intégrant les aérateurs sous un habillage redessiné, du similicuir surpiqué face au passager avant, de nouvelles selleries avec un tissu effet jean sur la finition haute « Style » et l’ajout d’un petit empiècement en similicuir sur les contre-portes avant. Pour le reste, les parties basses ou les places arrière, les plastiques y demeurent identiques et moins qualitatifs. On regrette surtout que le travail des plastiques sur les contre-portes avant n’ait pas été plus complet, notamment pour les poignées de fermeture, avec lesquelles on entre souvent en contact.

Les qualités du T-Cross restent cependant entières, avec sa banquette coulissante sur 14 cm d’un bloc en série et un coffre naviguant de la sorte entre 385 et 455 litres. Cette dernière valeur compte parmi les meilleures de la catégorie mais réduit l’espace aux jambes des passagers arrière à néant. En position reculée, ces derniers profitent d’un espace confortable et suffisamment large. La forme carrée de l’auto remplit bien son rôle à ce niveau et le siège passager avant rabattable constitue l’autre point fort pour faire la différence.

Sans-plomb et bonnes prestations

Trois moteurs essence sont proposés, un trois cylindres 1.0 l. 95 chevaux à boîte manuelle cinq rapports, une déclinaison 115 chevaux de ce dernier à boîte automatique double embrayage à sept rapports, ainsi qu’un quatre cylindres 1.5 l. 150 chevaux associé à la même transmission DSG7. Si ce dernier procure des performances très satisfaisantes, avec un 0 à 100 km/h en 8,4 sec et 200 km/h de vitesse maximale, le trois cylindres 115 ch possède déjà les ressources pour couvrir toutes les situations sans avoir la sensation d’une mécanique à la peine. Sa vocation familiale s’en accommode parfaitement et la boîte fait preuve de douceur et de rapidité. Seules les relances demandent à la transmission un peu plus de temps. Le T-Cross va de pair avec une conduite douce. Bien que le châssis soit rassurant, la direction légère et les mouvements de caisse provoqués par son centre de gravité relevé ne poussent pas à un rythme sportif. Raison de plus pour ne pas ajouter les 10 800 Dirhams imposés par le moteur de 150 chevaux.

On aurait donc apprécié une suspension qui filtre mieux les aspérités, toujours sensibles, même avec des roues de 17 pouces. Un peu ferme en ville, le T-Cross devient plus doux sur routes départementales et voies rapides, où les bruits aérodynamiques se font néanmoins entendre.

Puisqu’il y a l’image

Essai Volkswagen T-Cross restylé (2024) : au cas où le blason ne suffirait plus - Volkswagen T-Cross restylé (2024)

Volkswagen T-Cross restylé (2024)Credit Photo

Avec un premier prix à 250 790 Dirhams, il est moins cher que ses deux frères de gamme Taigo et T-Roc, conformément à sa taille plus contenue. Et l’équipement de base s’avère très correct, surtout en choisissant l’édition spéciale « VW Edition », au même prix et ajoutant pour 20 200 dirhams d’équipements additionnels (peinture métallisée, caméra de recul, accès « mains libres », vitres arrière surteintées et jantes aluminium 17 pouces).

Un tarif qui le place face à un Renault Captur, qui dispose lui aussi de la banquette coulissante, chose peu répandue dans la catégorie. Le Citroën C3 Aircross en dispose aussi en option et en deux parties, pour un coffre encore plus vaste (de 410 à 520 litres). Axant ses prestations sur le confort, il est aussi moins cher que le Volkswagen (à partir de 230 000 Dirhams).

Sans cette banquette coulissante mais avec un coffre plus volumineux de 456 litres, le Ford Puma est une alternative à partir de 260 500 Dirhams apportant l’originalité manquant au T-Cross ainsi que le dynamisme routier. Et puis, dans le groupe Volkswagen, le Seat Arona dispose de 400 litres de coffre et d’une présentation intérieure plus soignée pour un tarif débutant à moins de 210 000 Dirhams et quelques centaines d’Euros en dessous du premier prix du T-Cross à équipement proche. Autant de modèles compris entre 4,15 m et 4,23 m de longueur. Un surplus d’encombrement sans doute acceptable.

Une concurrence rude justifiant les efforts de finition de ce nouveau T-Cross, qui conserve son avantage en termes d’image de marque sans surfacturer les nouveautés. Raison probable pour laquelle les évolutions de ce cru 2024 se veulent limitées et ne sont pas plus poussées.

Pour résumer

Sur le segment chargé des SUV citadins, Volkswagen ne simplifie pas les choses, avec trois propositions, qui mettent chacune l’accent sur un point d’attentes des clients, là où l’immense majorité de la concurrence préfère se concentrer sur un seul modèle quitte à réaliser quelques compromis. Le T-Cross est le plus petit des trois et passe par l’étape du restylage, aux effets discrets. À quel point cette mise à jour le fait-il progresser ?