Le retour en force des petites voitures grâce à l’électrique.

Alors que le segment des petites citadines semblait en déclin, de nombreux nouveaux modèles sont en préparation. Cette renaissance d’intérêt des constructeurs pour les voitures compactes s’explique par le besoin de proposer des véhicules électriques à prix abordable.

La semaine dernière, lors de la présentation des résultats financiers 2024 du groupe Renault, Luca de Meo a annoncé le lancement d’une nouvelle petite voiture électrique pour Dacia, précisant qu’il s’agissait d’un modèle de segment A. En d’autres termes, la Spring aura bien une suite.

Cela peut sembler logique, bien que cela ne soit pas évident. Non seulement les ventes de la Spring ont chuté après la suppression du bonus écologique en France, mais Dacia travaille également sur une nouvelle Sandero électrique, toujours à prix abordable. Ce modèle semblait pouvoir remplacer la Spring, car la marque privilégie une rationalisation de son offre. De plus, le segment A, qui regroupe les citadines de 3,50 à 3,80 mètres, a progressivement été délaissé par les constructeurs européens, principalement parce que ces véhicules ne sont pas rentables, et qu’ils sont même devenus source de pertes financières en raison des coûts complexes à maîtriser.

Des normes toujours plus strictes Les constructeurs doivent faire face à des normes de pollution et de sécurité de plus en plus contraignantes. Par exemple, la norme GSR2, qui entrera en vigueur à l’été 2024, imposera des équipements de sécurité avancés (freinage d’urgence automatique, reconnaissance des panneaux, alerte d’obstacles en marche arrière…), augmentant ainsi les coûts de production et, par conséquent, le prix des véhicules. Ces hausses rendent les petites citadines moins attractives en raison de l’écart croissant de prix avec des segments supérieurs.

Cela explique pourquoi plusieurs grands noms ont quitté ce marché, comme Citroën, Ford, Opel ou Peugeot. Cependant, certains ont résisté et ont eu raison de le faire. Par exemple, la Toyota Aygo X continue de bien se vendre en Europe, avec près de 100 000 unités écoulées en 2024, malgré un prix de base de 18 900 € en France. Cela montre qu’il existe toujours une demande pour ces petites voitures, non seulement en raison de leur prix, mais aussi pour leur gabarit compact, idéal pour la ville et les trajets quotidiens.

Bien que l’offre se soit raréfiée, la norme GSR2 ayant mis fin à la carrière de véhicules comme la Fiat 500 thermique ou le Suzuki Ignis, une bonne nouvelle est à signaler : plusieurs marques qui ne pensaient plus revenir sur le segment A lancent désormais des projets, et tous ont un point commun : l’électrique.

Objectif : moins de 20 000 € Après des hésitations, Renault prévoit de lancer une quatrième génération de la Twingo en 2026, exclusivement électrique. Volkswagen prépare une ID.1, prévue pour 2027, dont le concept sera révélé le 5 mars prochain. Fiat, de son côté, a confirmé le renouvellement de la Panda et de la 500 pour la fin de la décennie. L’électrique permet de répondre aux normes de pollution sans tracas, et cette motorisation est idéale pour un usage urbain et périurbain. Dacia rappelle que les conducteurs de la Spring parcourent en moyenne une quarantaine de kilomètres par jour. En outre, les mini citadines sont particulièrement adaptées aux déplacements courts, contrairement aux grandes distances souvent mises en avant par les détracteurs de l’électrique.

Ce regain d’intérêt pour les petites voitures a été quelque peu imposé aux constructeurs. Il y a quelques années, ceux-ci pensaient proposer des véhicules électriques abordables dans le segment des citadines polyvalentes. Le projet R5, par exemple, visait un prix de départ inférieur à 20 000 €, mais cette ambition s’est heurtée à la réalité économique, surtout après les crises mondiales récentes (Covid, guerre en Ukraine). Les citadines électriques atteignent désormais des prix avoisinant les 25 000 €, ce qui a contraint les constructeurs à abaisser leurs attentes pour respecter la promesse d’une voiture électrique accessible à moins de 20 000 €.

Ces petites voitures électriques sont désormais essentielles pour améliorer les volumes de ventes et, par conséquent, les bilans CO2 des marques, qui doivent se conformer aux normes CAFE de plus en plus strictes en Europe. Bien qu’elles ne soient pas les plus rentables, elles permettent de réduire les amendes CAFE et peuvent même générer des crédits CO2.

Un projet commun pour plusieurs marques Les constructeurs cherchent à rentabiliser ces véhicules. Volkswagen l’a souligné avec l’annonce de son concept. Du côté de Renault, la conception de la Twingo 4 a été optimisée pour réduire les coûts. Cette nouvelle Twingo sera constituée de seulement 750 pièces, soit 30 % de moins que la R5. De plus, une partie du développement se fera en Chine. Pour assurer des volumes de production importants, le modèle sera partagé entre plusieurs marques. Initialement, Renault voulait développer la Twingo avec Volkswagen, mais ce dernier a fait marche arrière. Ainsi, la Spring sera en réalité une Twingo légèrement modifiée, et Nissan proposera également une version rebadgée de la Twingo. Trois modèles différents sur la même base, permettant de mieux amortir les coûts de production.

Cependant, le prix de vente pourrait encore surprendre. La Twingo commencera à environ 20 000 €, tandis que la Dacia sera proposée juste en dessous de 18 000 €. Ces prix peuvent effrayer certains clients, habitués à des citadines à 10 000 €, mais il faut tenir compte des coûts de production accrus, des normes de sécurité et des équipements obligatoires. De plus, bien que ces petites voitures auront des batteries LFP moins coûteuses, le prix des batteries reste un facteur important. En revanche, le coût d’utilisation sera nettement plus faible. Par exemple, faire 100 km avec une Twingo électrique coûtera seulement 2 à 3 € d’électricité si elle est rechargée à domicile, contre 10 à 12 € d’essence pour une voiture thermique.