
Les automobilistes européens ne le savent peut-être pas, mais il existe au Japon une catégorie de véhicules aussi adorée qu’intrigante : les kei-cars. Véritables championnes de l’optimisation d’espace, ces voitures n’excèdent pas 3,40 m de long, se limitent à 1,60 m de large et abritent sous leur capot des moteurs bridés à 64 chevaux maximum. Un format dicté par la loi, qui donne droit à des avantages fiscaux conséquents et permet, par exemple, d’éviter de justifier d’une place de stationnement dans certaines villes japonaises. Et parmi les plus populaires on retrouve le Suzuki Wagon R qui s’est vendu à plus de 10 millions d’exemplaires.
Dans cet univers où chaque centimètre compte, Suzuki a créé en 1993 un modèle figurant parmi les leaders : le Wagon R. Derrière ses allures de mini-monospace à la silhouette haute et étroite, il cache un habitacle étonnamment spacieux, fruit d’un design pragmatique : poste de conduite avancé, roues rejetées aux quatre coins et motorisations ultra-compactes. Au Japon, où une kei-car peut être la seule voiture d’un foyer, cette ingéniosité a fait mouche.
Un succès planétaire
Si le Wagon R a bâti sa réputation sur l’archipel, il n’a pas hésité à franchir les frontières. Japon, Inde, Asie du Sud-Est, mais aussi Europe : pas moins de 75 pays ou régions l’ont accueilli. En France, il a été vendu entre 1998 et 2008, non seulement sous le badge Suzuki mais aussi sous une identité plus étonnante : l’Opel Agila. Et comme la réglementation européenne ne limite pas la puissance des moteurs aux standards japonais, nos versions accueillaient de plus gros blocs : 1,0 l de 65 ch, 1,2 l de 69 ch ou même un 1,0 l turbo de 100 ch, histoire de s’adapter à notre usage et à nos routes. Un peu comme le fait actuellement Suzuki avec le Jimny.

Au fil des années, Suzuki a écoulé plus de 10 millions de Wagon R à travers le monde. Et le chiffre devient encore plus impressionnant quand on apprend que la moitié de ces ventes a été réalisée… depuis 2020 ! Pas mal pour une voiture plus courte que la plus petite des citadines vendues aujourd’hui en Europe.

Les kei-cars en Europe : un potentiel à exploiter ?
En Europe, les tentatives d’implanter les kei-cars ont rarement dépassé le stade de curiosité. Trop petites ? Pas assez puissantes ? Peut-être. Mais à l’heure où les micro-citadines électriques pointent à nouveau le bout de leur nez, Volkswagen prépare son ID.1, Renault une nouvelle Twingo, le concept pourrait bien retrouver une seconde jeunesse.

Et si Suzuki, fort du succès du Jimny, osait ramener une kei-car sur le Vieux Continent ? Imaginez une version électrique du mignon Suzuki Lapin, déjà culte au Japon, capable de se faufiler partout tout en coûtant moins cher à l’usage qu’une citadine classique. Honda semble y croire avec son projet N-One E. Peut-être est-ce l’occasion pour Suzuki de prouver qu’un petit gabarit peut aussi avoir de grandes ambitions… y compris chez nous.
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